lundi 1 avril 2013

The Child Inside

Aujourd’hui, je vous fais partager mon coup de cœur pour The Child Inside, chanson extraite du dernier Depeche Mode. D’emblée, j’ai été attirée par la musique sans faire attention au contenu, puis le titre m’a invitée à creuser un peu plus. Un questionnement légitime pour qui écrit et dessine pour les enfants. Et au-delà, Picasso n’avait-il pas déclaré avoir retrouvé l’enfant en lui à la fin de sa vie ? N’est ce pas la quête de tout artiste indépendamment de son public ? Sans vouloir entrer dans les détails, je dirai juste que le beau est perçu par l’enfant d’une façon tout à fait singulière, « hors cadre », c’est effectivement ce dont devrait s’inspirer tout spectateur dans sa perception de l’œuvre, tout comme dans le processus de création, peut-être à détacher de tout apprentissage. Mais je m’égare peut-être un peu du sens de notre chanson, encore que. Car ici, nous sommes confrontés à la mort, à un vocabulaire très sombre qui contraste d’ailleurs avec cette ballade qui bien qu’introspective n’exprime pas vraiment cette dimension. La personne à qui s’adresse l’auteur malmène l’enfant qui vit encore en elle jusqu’à sa mort à la fin. Est-ce l’innocence communément rattachée à cette figure que Dave Gahan a voulu aborder ici ? Est-il primordial de la garder en nous ? D’abord, un cadavre mal enterré refait surface et effraie l’enfant. Double mort, celle des fantômes précède ce dernier. Est-il question de l’inconscient pas toujours rassurant que l’auteur conseille d’enfouir au plus profond mais qui ressurgit malgré tout ? Image pertinente. Passage forcé pour toute personne qui entre dans l’âge adulte ? Petit avis personnel, je pense que la part sombre de tout humain n’attend pas la maturité pour s’exprimer. Maintenant, si je réécoute les paroles à la lumière du concept d'"enfant intérieur" de Jung, il ne fait aucun doute que l'intention était de traiter ce sujet. Les questions que, bien que faiblement initiée à la psychanalyse j'ai pu me poser, se confirment et sont fondées. Elles viennent aussi s'enrichir à travers par exemple le dialogue intérieur que conseille Jung : "il faut se cultiver dans l'art de se parler à soi-même" nous dit-il. Et plus loin dans Dialectique du moi et de l'inconscient il ajoute que l'émotion doit être prise en considération comme si ce qu'elle nous disait venait d'une personne qui nous est chère. Autre émotion évoquée dans la chanson, la tristesse, qui matérialisée par les larmes se transforme en rivière, image qui m’évoque Alice et noie l’enfant situé plus précisément dans le cœur. Comme si elle pouvait lui être fatale. Ce sentiment devrait être fondamentalement antinomique avec la gaieté caractéristique de cette période. Deuxième exhortation après celle de creuser davantage, « tu aurais dû prendre toutes tes poupées au lit », vestige de l’enfance qui le rassure pendant la nuit, à nouveau évoquée dans son sens obscur. Au lieu de ça, elle a joué un jeu dangereux qui a conduit à la disparition symbolique de son âme d’enfant, que je vois matérialisée dans le son saillant de comète produit à plusieurs reprises dans la chanson. Ce n’est que mon interprétation. Une dernière observation, faut-il voir dans cette chanson un dialogue avec soi-même de Dave Gahan dont on sait la souffrance qu’a été pour lui la prise de conscience de l’abandon de son propre père ? Car un enfant qui perd l’un de ses parents trop tôt est confronté à une tristesse qui lui fait bien évidemment perdre son insouciance. J’enfonce des portes ouvertes mais je fais un peu référence à ce qui est dit. N'hésitez pas à aller écouter le reste de l'album car il vaut le détour !

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