Fritillaria, Charles Rennie Mackintosh |
En 6 ans de marche régulière en vallée d'Aure, je n'en ai observé qu'un seul spécimen, et pour cause : malgré l'influence du terrain plus ou moins favorable qui en relativise le caractère exceptionnel, elle est mentionnée comme étant assez rare.
Il y a quelques temps, j'ai donc éprouvé le souhait de retracer les conditions de cette découverte replacée dans son contexte spatio-temporel.
Ce fut l'une de mes premières sortie en compagnie de ma mère près du mythique Arbizon. Je démarrai en vallée d'Aulon, sur le chemin commun au Courtaou d'Auloueilh et au Pic, puis bifurquai en direction des cabanes, itinéraire plus abordable. J'optai tout de même sur le chemin du retour pour m'éloigner des sentiers battus et m'engageai ainsi sur une sente à flanc de montagne, pratiquée au mieux par les izards et autres brebis. C'est là que je tombai sur ce qui était probablement l'unique fleur de fritillaire présente sur ce périmètre.
joli "cornet à dé ; lanterne ; petite cloche", à damier pourpre, là où se joue le hasard, la lumière et le son qui signalent une présence.
L'Oueil gascon proviendrait de l' "oeil" et il signifie "émergence"
Il semblerait après petite recherche étymologique, que ce lieu qui a vu naître la fleur, Auloueilh, se compose de Aula, la "cour" en latin qui a donné aussi la "leçon", l'"exposé" en portugais et de oueil ; je me plais alors à interpréter cette découverte comme le signe d'une émergence, par le biais de la vue.
Cela me fait penser à cette phrase d'Ariane Angeloglou : "Il nous faut savoir regarder pour que la beauté naisse". J'observe un écho entre la rareté de cette plante et la couleur pourpre de ses fleurs, le pourpre ayant une symbolique liée au pouvoir et à la tempérance, mais aussi à la spiritualité et à l'intériorité.
RépondreSupprimerEn retenant la symbolique du pouvoir que vous évoquez, j'ajouterai tout de même que les populations de murex ont payé le prix fort à cause de la valeur de leur précieux liquide permettant de fabriquer la pourpre de Tyr. Pendant ce temps, je lis que les Mixtèques précolombiens savaient extraire la même substance en respectant les coquillages :
RépondreSupprimer"les Mixtèques se contentaient de les “ traire ”. Il leur suffisait de souffler sur les escargots pour que ceux-ci libèrent leur précieux liquide, qui était directement déposé sur les fibres. Les escargots étaient ensuite rejetés à la mer. Les autochtones ne “ trayaient ” pas les escargots durant la saison de la reproduction. Jusqu’à ce jour, cette méthode a permis la préservation de l’espèce." (source : wol.jw.org : "Petite histoire de la pourpre")